Par Nicoletta Metri
Le Nigeria dispose d’une géographie diversifiée, avec des climats allant de l’aride à l’équatorial humide et de centaines de langues parlées. Sa superficie territoriale est proche du million de kilomètres carrés, avec seulement quelques centres urbains qui regroupent la grande majorité de l’activité commerciale et des revenus disponibles. Dans les zones rurales, lorsque l’installation d’un réseau haut débit fiable n’est pas rentable pour les opérateurs commerciaux, le modèle de réseau communautaire peut fournir un Internet centré sur les individus, déployé et mis en œuvre par les citoyens, pour répondre à leurs propres besoins de communication.
Le chapitre nigérian de l’Internet Society, en collaboration avec l’université Ahmadu Bello et de nombreux autres acteurs de la communauté, développe un réseau communautaire à Zaria. Zaria est une ville emblématique du nord du Nigeria qui est riche en culture, en agriculture et en institutions éducatives. Le projet « réseau communautaire et hub culturel de Zaria », soutenu par la Fondation Internet Society et son programme de bourses Beyond the Net, va créer des bornes Wi-Fi sur les campus et dans des lieux publics, tout en aidant à établir un hub éducatif pour renforcer l’efficacité des institutions existantes.
« Nous pensons que ce modèle de réseau communautaire va changer les règles du jeu au Nigeria, et nous avons sélectionné Zaria comme site pilote pour ce qui, nous l’espérons, sera reproduit dans plusieurs villes et villages du pays, » a déclaré Dewole Ajao, président du chapitre nigérian. « Grâce aux infrastructures existantes, le projet démontrera comment la collaboration, l’engagement des acteurs et le renforcement des capacités peuvent mener à un modèle de développement durable et à des vies plus riches pour des communautés entières. Les coûts d’accès réduits encourageront le développement de l’utilisation d’Internet et libèreront un peu des maigres revenus pour d’autres besoins de base. »
Quels sont les principaux éléments de ce plan de projet ?
« En premier lieu, l’engagement des acteurs, » explique Dewole Ajao. « Nous reconnaissons l’importance de l’implication de la communauté cible à tous les niveaux. Des responsables des institutions aux membres du corps enseignant, des ingénieurs réseau à la jeunesse locale. L’infrastructure du réseau nécessite un financement conséquent. Il sera mis en place graduellement, pour être productif à chaque étape. Lors de la première phase, nous comptons utiliser du matériel et une connectivité sans fil à coût réduit afin de toucher toutes les entités majeures de recherche et d’éducation. L’expérience dans des projets de ce type a montré que l’alimentation électrique jouait un rôle crucial. Du fait du financement limité, nous avons décidé de fournir une alimentation solaire de secours à 50 % des sites impliqués. Les alimentations de secours sont destinées aux institutions qui sont le moins susceptibles d’avoir déjà leurs propres installations électriques. Enfin, un système de gestion de l’apprentissage sera hébergé dans le centre de données de l’université, et sera disponible à tous les participants. »
Ce projet est assurément une excellente opportunité pour Zaria. La préparation et le déploiement du réseau sont dirigés par des volontaires qui forment les populations locales à la gestion courante du réseau. Le fonctionnement communautaire permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi de développer le potentiel d’apprentissage et les compétences des résidents qui s’y impliquent.
Quel modèle de durabilité ce projet utilisera-t-il ?
« La durabilité est au centre de nos préoccupations. Un modèle ayant fait ses preuves ailleurs est celui où la communauté inscrit une entité corporative ou coopérative qui fera fonctionner les activités en se basant sur les modèles de durabilité choisis par la communauté. Des partenaires comme nous continueront à fournir une aide et une assistance technique pour aider à la réussite du projet. »
Des exemples existants apportent des preuves concrètes que le développement d’un réseau communautaire peut avoir des effets positifs, notamment en aidant les communautés à s’appuyer sur les technologies pour leur émancipation socio-économique. Nous avons tiré parti de l’expérience de Guifi.Net, Zenzeleni Network, Rhizomatica, et Wireless For Communities, ces projets fructueux qui ont démontré que l’aspect technique du modèle de réseau communautaire pouvait être répliqué.