Par Naim Zard
Grâce à son programme de financement Beyond the Net, la Fondation Internet Society soutient les projets des chapitres de l’Internet Society qui promeuvent le développement d’Internet et son utilisation pour émanciper les individus et transformer leur vie partout dans le monde. Nous avons invité les responsables de projets à partager leurs histoires.
Aperçu
De nos jours, nous lisons des articles sur des prouesses technologiques telles que la terraformation de Mars, alors que la moitié de la population mondiale n’a pas de connexion Internet digne de ce nom.
Les difficultés d’accès ne concernent pas seulement les pays en développement. Les zones rurales sont également concernées.
Les FAI communautaires peuvent combler ce fossé. Des autochtones construisent et font fonctionner des réseaux qui couvrent le dernier kilomètre vers leur communauté en échange d’abonnements mensuels. Étant à proximité du secteur à couvrir, leurs frais d’entretien sont moindres, ce qui leur donne un avantage par rapport aux grands FAI. De plus, les FAI communautaires contribuent à un développement durable car leur existence ne dépend pas des subventions de l’État. Ils sont fondés par la communauté, autonomes et créent des emplois locaux, ce qui est bon pour l’économie.
La création d’un FAI communautaire, comme toute activité, comprend ses propres défis. Elle nécessite un capital initial et il y a une courbe d’apprentissage. Les capitaux servent à l’achat de câbles, d’équipements sans fil, d’équipements chez le client (CPE), à la location des lignes et à la mise en place des systèmes de surveillance et de gestion. Les informations sur les techniques et sur les meilleures pratiques commerciales sont disponibles en ligne. Il existe également des communautés virtuelles pour obtenir de l’aide et discuter de tous les aspects techniques et commerciaux.
L’histoire de Zima
Il y a environ dix ans, nous avons développé un logiciel pour gérer la facturation d’un FAI local au Liban. Les résultats ont été tellement bons que quelques FAI voisins nous ont demandé de l’installer. Nous en avons été ravis et l’avons installé gratuitement. Nous avons ensuite commencé à recevoir plus de demandes de FAI de tout le pays. Nous avons décidé de mettre en place un site Web et d’automatiser le processus d’installation. À notre plus grande surprise, après le lancement de notre site Web, nous avons reçu des e-mails d’Inde, d’Afrique du Sud et du Pakistan. Nous avons alors découvert que les FAI communautaires n’étaient pas limités au Liban. On les trouve partout, surtout dans les zones rurales ou reculées. Nous avons engagé un dialogue avec la communauté des FAI du monde entier, et avons beaucoup appris sur les défis de ce secteur.
Zima et le programme de financement de Beyond the Net – Soutenir les FAI communautaires
Depuis que nous avons pris conscience de l’importance des FAI communautaires pour connecter l’autre moitié du monde, nous nous sommes consacrés à les émanciper de nombreuses manières. Tout d’abord, en travaillant à rendre Zima accessible dans tous les pays, dans toutes les régions et dans toutes les langues. Ensuite, en faisant des recherches sur les défis les plus urgents auxquels est confronté le secteur et en publiant les solutions et les meilleures pratiques.
L’une de nos études récentes concerne le pic d’activité sur Internet et les métriques qui assurent une transparence complète entre les FAI et leurs utilisateurs finaux. La transparence relative aux offres d’Internet est actuellement un sujet de polémique dans le monde entier. Au Liban, par exemple, les offres de bande partagée représentent plus de 90 % des offres Internet résidentielles. L’objectif de notre projet Beyond the Net est de fournir des métriques permettant de responsabiliser les FAI. L’étude est basée sur le taux de contention, qui indique si un FAI est saturé par le nombre d’abonnés. Si cette méthodologie s’avère assez simple, elle pourra être incluse dans les règlementations futures en matière de transparence des offres de bande passante.
De plus, le soutien que nous apporte Beyond the Net aidera à faire du logiciel Zima Network Mapper un outil gratuit pour tous. Zima Network Mapper comprend une carte géographique ajustée, sur laquelle les FAI communautaires peuvent tracer et enregistrer leurs plans de réseau. Les FAI communautaires peuvent également stocker des informations relatives aux bandes de secteur, aux IP et à d’autres informations sur leur antenne. Ils peuvent mesurer la longueur de câbles sur la carte au lieu de devoir les mesurer sur site, ce qui nécessite beaucoup de temps et d’efforts. Actuellement, l’alternative à Zima Network Mapper est le stylo et le papier, ou l’utilisation d’un logiciel de diagramme qui n’est pas adapté à ce type de tâches.
Nous sommes ravis d’avoir entendu parler du programme de bourses Beyond the Net et nous sommes reconnaissants de l’aide qu’il va nous apporter pour mener ces projets à terme. Demeurez à l’écoute pour des mises à jour régulières sur nos progrès.
Biographie de l’auteur
Naim Zard est un ingénieur informaticien qui est devenu responsable produit pour Zima, un environnement logiciel destiné aux fournisseurs d’accès à Internet communautaires. Les zones rurales et reculées sont souvent abandonnées par le gouvernement et les grandes entreprises de télécommunication, mais lorsque les habitants décident de prendre en charge la connexion de leur communauté, Zima les aide à rendre cela possible.