Par Nicoletta Metri
Avec 89 % de sa population connectée, le Kenya a l’un des meilleurs taux de pénétration d’Internet au monde. Les jeunes, et en particulier ceux des groupes les plus vulnérables, qui vivent dans la rue ou dans des institutions, ont désormais accès à des possibilités éducatives, économiques et d’emploi inenvisageables il y a seulement quelques décennies. Mais une récente étude de « Safe Online, Safe On Land » sur la façon dont les enfants utilisent Internet au Kenya a révélé quelques faits surprenants. L’étude s’est concentrée sur 94 jeunes sélectionnés parmi 300 rescapés des rues, et désormais scolarisés dans les centres pour enfants de la communauté Koinonia. 66 % d’entre eux utilisaient Internet (78 % de garçons, 22 % de filles) et ils avaient entre 13 et 19 ans.
L’étude a démontré que les enfants passaient plus de 20 % de leur temps sur Internet à consulter des contenus inappropriés et à discuter avec des inconnus. Un enfant a déclaré : « Ce sont juste des amis sur les médias sociaux, nous parlons de tout avec eux, car ils sont disponibles, même si nous ne les avons jamais rencontrés.»
C’est pour répondre à certaines de ces problématiques que Safe Online, Safe On Land a été lancé par MediaNet Works et le chapitre du Kenya de l’Internet Society avec le soutien de la Fondation Internet Society.
À la question « Avez-vous un compte sur Internet ? », 32 % des enfants ont répondu affirmativement, bien que la création d’une adresse courriel ou d’un compte sur les réseaux tels que Facebook ou Twitter exige que le créateur du compte soit âgé de 18 ans ou plus.
Que font les enfants sur Internet ?
Encore plus surprenant : bien que la plupart des parents, enseignants et tuteurs sachent que leurs enfants sont sur Internet, ils ne contrôlent pas ce qu’ils font, ni avec qui ils communiquent.
Autrement dit, même si Internet ouvre tout un univers de possibilités, sans la supervision et l’éducation nécessaires, il peut mettre en danger les jeunes qui sont particulièrement impressionnables. Sur les réseaux sociaux, les enfants laissés sans surveillance peuvent publier des informations personnelles, notamment leur numéro de téléphone portable et leurs adresses courriel ou de domicile, ce qui en fait des cibles faciles pour les prédateurs sexuels et les trafiquants d’êtres humains. Ils risquent également d’être exposés à des contenus extrêmes ou destinés aux adultes, et d’être harcelés en ligne.
C’est pour répondre à certaines de ces problématiques que Safe Online, Safe On Land a été lancé en février 2018 par MediaNet Works et le chapitre du Kenya de l’Internet Society. Le programme, d’une durée de 12 mois, a encouragé à une utilisation et à des pratiques d’Internet sûres pour les enfants kényans. Il a bénéficié du soutien de la Fondation Internet Society et de son programme de financement Beyond the Net, et a été conçu pour aider 700 anciens enfants de rues hébergés et éduqués dans les centres de réhabilitation de la communauté Koinonia.
Principaux objectifs du projet :
MediaNet Works et le chapitre du Kenya se sont engagés dans la création d’un programme de partenariat avec des organisations des gouvernements locaux, des FAI, des acteurs des TIC, des donateurs et des particuliers pour inciter à utiliser Internet d’une manière responsable et sûre. Tous les indicateurs démontrent la réussite du projet. 30 personnes y ont participé, notamment les hauts responsables de la communauté Koinonia, qui l’ont présenté aux services de protection de l’enfance de Nairobi. Safe Online, Safe On Land a également renforcé le partenariat avec la Commission pour la communication du Kenya et le service Enfance et Jeunesse du comté de Kajiado, et initié un partenariat avec l’université Tangaza.
Le projet visait également à former les médias à la sécurité sur Internet et sur les médias sociaux. Un événement d’une journée a réuni 20 professionnels des médias : 9 journalistes, notamment pour Royal Media Services, Kenya Broadcasting Corporation (KBC), et Standard Media (KTN) ; 2 stations de radio communautaires (Radio Domus FM et Mtaani Radio FM) ; la Bloggers Association of Kenya (BAKE) ; et la Kenya Correspondents Association (KCA), qui représente les journalistes indépendants au Kenya. Grâce à cette formation, la couverture médiatique sur l’utilisation sûre d’Internet en toute sécurité par les jeunes a compris cinq reportages à la radio ou à la télévision, trois émissions télévisées, quatre articles et un documentaire.
Les enfants apprennent par l’exploration et grâce à leur curiosité naturelle. Internet est un outil magnifique, mais nous devons aider les enfants à en profiter sans être exposés à ses dangers potentiels. Ce projet pilote pourra être déployé dans le monde entier pour influer durablement sur la vie de centaines de milliers d’enfants et d’adolescents.
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