Par Nicoletta Metri
Les journalistes sont souvent à l’avant-poste des nouvelles problématiques du numérique, que ce soit pour protéger la liberté de la presse ou l’anonymat des sources, et peuvent avoir une forte influence pour façonner le futur d’Internet. C’est pourquoi le chapitre de Tanzanie de l’Internet Society, avec le soutien de la Fondation Internet Society et de son programme de petites bourses Beyond the Net, a organisé la session « Colloque de formation des journalistes sur la structure multi-acteurs pour la Gouvernance de l’Internet et l’inégalité numérique entre hommes et femmes ». Cet événement s’est déroulé le 19 juin 2019 à l’hôtel Holiday Inn de Dar es-Salaam.
Près de 30 journalistes y ont participé, et voici l’un des nombreux commentaires enthousiastes de participants :
« J’ai appris que la Gouvernance de l’Internet ne pouvait pas être gérée par une organisation unique. Elle requiert la participation de chaque institution et de chaque personne. Nous sommes tous les gardiens d’Internet. Je suis prêt à agir, en commençant par adhérer à l’Internet Society. »
— Fadhil Akida, HabariLeo Tanzania Standard Newspaper Ltd.
La formation par le chapitre de Tanzanie a fourni aux journalistes des informations qu’ils pourront partager sur ce qui rend l’approche multi-acteurs idéale pour décider de politiques visant à un réseau égalitaire et distribué mondialement. Le chapitre a également formé les journalistes sur la fracture numérique entre hommes et femmes et les solutions possibles pour une meilleure inclusion des femmes et des filles dans le numérique au sein de leur pays.
Nous avons demandé au responsable du projet, Nazarius Nicholas Kirama, de nous donner plus d’informations sur ce projet réussi.
Comment avez-vous formé les journalistes ?
Il est impossible de comprendre le débat actuel sur la Gouvernance de l’Internet en faisant l’impasse sur le contexte historique plus large du développement d’Internet. Nous avons invité Damas Makweba, expert en Gouvernance de l’Internet de l’Institut de technologie de Dar es-Salaam, pour qu’il nous informe sur l’histoire de la Gouvernance d’Internet et nous explique l’importance stratégique pour la société moderne de la façon dont est gouverné Internet. Nous souhaitions que les participants prennent conscience que l’évolution vers une approche réellement multi-acteurs dépendra de la volonté de chacun des acteurs, notamment les médias, à assumer la responsabilité de leurs actions au sein de la communauté mondiale d’Internet. Marcela Lungu, directrice générale de l’ONG TIBA, a évoqué l’inégalité des sexes et l’écosystème Internet, en apportant des données sur la fracture numérique dans les pays en développement tels que la Tanzanie. Sa présentation a permis aux journalistes de mieux comprendre comment utiliser les bonnes informations lorsqu’ils traitent de questions relatives aux femmes.
Avez-vous créé un outil de mise en réseau pour améliorer la communication entre le chapitre et les médias ?
Notre objectif initial était de créer une base de données simple réunissant les noms des journalistes et leurs numéros de téléphone pour pouvoir les recontacter afin de présenter nos activités et nos événements, mais nous sommes parvenus à faire bien plus que ce que nous avions prévu. Nous avons mis en place une plateforme nommée « ISOC Tanzania Journalists Forum », avec un groupe WhatsApp dédié, qui simplifie les interactions et l’information au quotidien sur les questions relatives à Internet. Les journalistes sont tous devenus des membres actifs de l’Internet Society et du chapitre de Tanzanie. Nous avons également décidé ensemble d’organiser des activités et des événements qui permettront à l’avenir de recruter davantage de journalistes sur la plateforme.
Êtes-vous proches de votre objectif de recruter 250 nouveaux membres ?
Nous avons 162 nouveaux membres. Il nous manque encore 88 membres pour atteindre notre but, mais le processus de recrutement se poursuit.
Combien d’articles ont été publiés grâce à ce colloque ?
Tous les journalistes ont décidé d’écrire des articles sur l’Internet Society et sur notre colloque. Nous avons eu plus de dix articles dans différents médias locaux, blogs et chaînes de télévision en ligne, ainsi que deux entretiens sur des stations de radio nationales et un entretien à la télévision nationale. Hormis dans Daily News et dans Citizen Newspapers, tous les articles ont été publiés en kiswahili.
« Ce colloque m’a ouvert les yeux de bien des manières. J’ignorais qu’il existait en Tanzanie des organisations comme l’Internet Society. J’ai désormais conscience du rôle crucial de chacun des acteurs pour rendre Internet meilleur pour tous. Je sais où trouver des données fiables sur Internet pour mon Alasiri Show sur Clouds FM. Je remercie le chapitre de Tanzanie d’avoir organisé ce colloque ! »
— Jacqueline Komba, présentatrice de télévision, Clouds Media Group
Écoutez l’entretien de Nazarius Nicholas Kirama avec la Tanzania Broadcasting Corporation :